Comprendre l’utilisation et l’impact des envois de fonds sur les ménages au Tchad
Une nouvelle étude à venir de l’OIM souligne l’impact des envois de fonds de la diaspora tchadienne sur les ménages au Tchad
Cette étude, qui sera publiée dans le courant de l’année, est la première du genre à évaluer le « comportement en matière d’envois de fonds » dans le pays.
L’étude a interrogé plus de 800 ménages à N’Djamena, la capitale du Chad, pour savoir comment les envois de fonds sont envoyés par les membres de la diaspora tchadienne, comment ces envois de fonds sont utilisés par les ménages et quel est l’impact global des envois de fonds sur la situation économique des ménages. En outre, l’étude a cherché à comprendre les différences dans l’utilisation des envois de fonds entre les ménages dirigés par un homme et ceux dirigés par une femme. Il révèle qu’en moyenne par mois, un ménage de N’Djamena recevrait 125 302 Francs CFA (232,42 USD), soit 10% de plus que le revenu annuel moyen qui était de 113 807 Francs CFA (211,10 USD) en 2020, selon les statistiques nationales.
« C’est la preuve que les envois de fonds constituent effectivement une bouée de sauvetage vitale pour les ménages au Tchad, et un premier indice sur la relation importante entre les envois de fonds et le développement socio-économique »,a déclaré François-Xavier Ada, responsable des politiques à l’OIM au Tchad. Selon l’étude, les ménages qui reçoivent des envois de fonds bénéficient de meilleures conditions de vie que ceux qui ne les reçoivent pas. Plus précisément, les ménages qui reçoivent des envois de fonds sont plus souvent propriétaires de leur lieu de logement (66 %), sont plus connectés au réseau électrique (87 %) et ont plus accès à un téléphone mobile et à un compte bancaire que les ménages qui ne reçoivent pas de fonds.
En ce qui concerne la façon dont les versements sont transférés, l’étude révèle que les fonds sont transférés et reçus principalement (84 %) par des canaux « formels » (y compris les sociétés de transfert d’argent telles que Western Union, MoneyGram et Money Express), les banques (virements télégraphiques) et les bureaux de change. Seuls 23 % des ménages interrogés ont déclaré recevoir leurs fonds par des voies informelles telles que des services de transfert informels, des amis ou des parents, ou des agences de voyages. La préférence pour les canaux formels est justifiée par les ménages pour leur efficacité (49%), leur accessibilité (31%), leur faible coût (13%) et la familiarité (5 %). Pour les ménages recevant des envois de fonds par des canaux informels, le choix est justifié par la familiarité (35%), l’accessibilité (27%), l’efficacité (26%), et le faible coût (10%) des canaux informels.
Ces résultats montrent que dans le cas de N’Djamena, les choix des migrants en matière de circuits d’envois de fonds sont principalement influencés par l’efficacité, l’accessibilité et la familiarité, et pas nécessairement par le coût des transferts, comme on peut le suggérer ailleurs. « Cela suggère que l’inclusion financière et l’éducation peuvent jouer un rôle précieux pour accroître l’utilisation des canaux formels »,déclare François-Xavier Ada.
La fréquence des envois de fonds analysés dans l’étude montre que 78% des envois de fonds ont lieu dans un intervalle de moins de trois mois. 17% les reçoivent tous les six mois et enfin, 4% reçoivent des envois de fonds chaque année ou à d’autres intervalles. Il convient de noter que les ménages dirigés par une femme sont plus susceptibles de recevoir des envois de fonds (65 %) que les ménages dirigés par un homme (45 %). L’étude fournit également un premier aperçu de la façon dont les envois de fonds sont utilisés par les ménages. 68 % des répondants ont déclaré que les envois de fonds qu’ils ont reçus étaient principalement utilisés pour les dépenses générales liées au fonctionnement du ménage (autres que l’alimentation, la santé et l’éducation). Les prochaines priorités en matière de dépenses pour les envois de fonds sont la nourriture (61 %), les raisons sociales (58 %), la santé (46 %) et l’éducation (26 %).
La plupart (52 %) des ménages interrogés considéraient que les envois de fonds de manière modérée dans leur budget était modérément important et 6 % comme très importants. Cette importance est plus prononcée dans les ménages dirigés par des femmes, dont 39 % estiment que les envois de fonds sont « nécessaires » au budget du ménage, contre seulement 21 % des ménages dirigés par des hommes. « Bien que cette étude se limite à N’Djamena, elle offre pour la première fois un aperçu de la situation des envois de fonds au Tchad. Cependant, le Tchad est un pays aux dynamiques migratoires complexes qui varient d’une région à l’autre. À ce titre, davantage de recherches sont nécessaires pour mieux comprendre l’ampleur et les tendances du comportement des envois de fonds à travers le pays »,ajoute M. François-Xavier Ada. L’étude fait partie d’un projet financé par le Fonds de développement de l’OIM visant à mieux comprendre les envois de fonds au Tchad. En plus de l’étude sur les ménages, une enquête sur la diaspora sera menée pour identifier les motivations et les comportements de la diaspora en ce qui concerne les envois de fonds. Un guide des envois de fonds et de l’investissement à l’intention de la diaspora tchadienne sera également élaboré conjointement avec le Gouvernement tchadien.