Évaluation de solutions durables pour les catastrophes naturelles au Tchad
M. William S. Chemaly du Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies en mission au Tchad
Durant son séjour, M. William S. Chemaly a rencontré les plus hautes autorités, notamment le Premier Ministre du Gouvernement de la Réconciliation Nationale, M. Saleh Kebzabo, les ministres sectoriels, à savoir Mme Amina Longoh Priscille, Ministre du Genre et de la Solidarité Nationale, Mme Madeleine Alingué, Secrétaire d’Etat au Ministère des Perspectives Economiques et des Partenariats Internationaux, et ainsi que les corps diplomatiques, les responsables des agences des Nations Unies, et les déplacés eux-mêmes vivant dans des sites de la ville de N'Djamena (Farcha Milezi) et de la province du Lac Tchad (le site de Kaya à Bol) et les sites de Kousserie 1 et 2 de Baga Sola).
L'objectif de la mission de M. Chemaly est d'avoir des échanges approfondis avec toutes les couches sociales du Tchad sur la mise en œuvre de l'agenda du Secrétaire Général concernant les déplacés internes.
Au Tchad, les causes de déplacement des communautés vers une autre localité sont souvent dues aux violences interethniques, aux attaques de bandits et également liées au changement climatique, à savoir les inondations qui ont fait fuir des centaines de milliers de personnes à travers le pays. Ces victimes sont principalement des femmes et des enfants, qui sont doublement exposés à la survie avec des logements de fortune et ne peuvent pas rentrer chez eux en toute sécurité et dignité. Malgré les efforts du gouvernement et de ses partenaires, certains sites ne bénéficient pas des services sociaux de base tels que l'accès à l'eau potable, aux soins de santé et à l'éducation.
Pour le gouvernement tchadien, les personnes déplacées ont, en tant que citoyens tchadiens, les mêmes droits que le reste de la population et n'ont pas de statut spécifique au regard du droit international comme les réfugiés qui se trouvent hors de leur pays sans aucune protection diplomatique ou consulaire. Cependant, en tant que personnes qui " ont été forcées ou contraintes de fuir ou de quitter leur lieu de résidence habituel, notamment en raison d'un conflit armé ou de violations des droits de l'homme ", elles sont soumises à des risques de protection particuliers. Pour le Premier Ministre du gouvernement de la réconciliation nationale M. Saleh Kebzabo « Cette visite renforce la conviction du Gouvernement sur l'ensemble des questions sociales. Car elles figurent sur le registre de ses priorités. » A-t-il déclaré.
Il convient également de noter que le déplacement forcé peut entraîner des conséquences différentes pour les personnes déplacées en fonction de leur âge, de leur sexe et d'autres caractéristiques de diversité. Par exemple, les personnes âgées et les personnes handicapées courent un risque accru d'abus et d'exploitation. Même si les femmes et les filles sont les plus visées par les violences sexuelles, les hommes et les garçons sont également des cibles, notamment dans les situations de détention arbitraire. Pour M. William S. Chemaly, Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les solutions durables pour les personnes déplacées, le Tchad doit passer à l'échelle de l'assistance à l’étape de développement durable, tout en renforçant le mécanisme de prévention des conflits, et un appui aux personnes déplacées d’avoir une réinsertion sociale durable.
On note globalement au Tchad plus d’un million des personnes déplacées, parmi lesquelles :
- 577 237 refugiés
- 4225 demandeurs d’asile
- 381 289 déplacées internes
- 119 121 retournés tchadiens venant de la RCA et du Nigeria et 22 112 retournés des anciens refugiés.
Ils sont repartis dans 253 localités constituées sur 196 sites et 57 villages dans les provinces situées à l’Est pour les personnes venant du Soudan, au Sud pour les personnes venant de la République Centrafricaine, au Lac Tchad pour les personnes venant du Nigeria et aux alentours de N’Djamena pour ceux venant du Cameroun. Pour le cas spécifique des inondations de 2022, c’est plus de 1. 3 millions de personnes affectées dans 19 provinces de 23 que compte le Tchad.
Tous ces déplacés dépendent en grande partie de l’Aide Humanitaire. Pour apporter une réponse efficace aux besoins des déplacés, le Plan de Réponse Humanitaire de 2022 élaboré par le gouvernement et ses partenaires est estimé à 6.1 millions de personnes déplacées, parmi lesquels, 3.9 millions étaient en besoin d’assistance qui s’élève à $510.9 Millions USD d’où seulement 47% de fonds ont été mobilisés.